The Humans (1992 – Amiga, Atari ST, Super Nintendo, Megadrive)

Jeu de réflexion à la Lemmings, The Humans vous propose de faire évoluer votre tribu d’hommes préhistoriques par le biais d’énigmes. Comme dans Lemmings, il faudra diriger ses bonshommes à bon escient, dans le temps imparti et sans trop de perte. Nos petits bonshommes pourront chasser le dinosaure, faire du saut à la perche ou bien la courte échelle. Les actions possibles s’élargiront à mesure que votre tribu fera de grandes découvertes : le silex, le feu ou bien encore la roue. Voilà donc un jeu diablement sympathique avec lequel on se grattera souvent la tête et les poils du menton.

On s’amusera de temps en temps de quelques détails comme le design plutôt attachant des bonshommes, la possibilité délirante de faire du monocycle ou de s’accrocher aux serres d’un ptérodactyle. Si le gameplay demande de manipuler la manette dans tous les sens (au point de se perdre dans les touches), et fait de Humans un jeu peut-être moins fun et moins accessible que Lemmings, il n’en reste pas moins un très bon jeu, accrocheur et bien mignon, et une référence du genre.

Myst (1993 – Mac, PC, 3DO, Saturn, Playstation, Jaguar CD)

En 1993, Myst a été une révolution à contre courant. Ce jeu s’adressait à un public différent de ceux des salles d’arcade. Pas d’action ni d’ennemi, un contexte nébuleux, des images belles et fixes, de rares plages musicales new age et vous seul sur cette île. Pas de but clair, pas d’aide, ni de chemin tout tracé, aucune issue apparente, juste une île étrange et calme.

Qu’on se le répète, Myst n’est pas un jeu avec des énigmes, c’est une énigme à lui tout seul. Il y a par exemple beaucoup de mécanismes à actionner (levier, interrupteur…) mais aucune explication concrète n’est donné au joueur quand à leur utilité. Le joueur doit ainsi se démener tout seul, découvrir la logique qui est propre au monde de Myst, avec une attention et une écoute de chaque instant (certaines énigmes sont sonores voire musicales). Bien sûr, les plus sceptiques s’arrêteront au bout de cinq minutes et Myst restera pour eux un mystère. Et c’est bien dommage car la balade est passionnante, envoûtante.

Les images belles et immobiles donnent un petit cachet à Myst qu’on ne retrouvera jamais dans ses suites ni dans ses ersatz : une certaine et intrigante irréalité.

Another World (1991 – Amiga, Atari ST, Megadrive, Mega CD, Super Nintendo, 3DO, Jaguar, PC…)

Chef d’œuvre d’un seul homme, Eric Chahi, Another World est un jeu immersif. Par son ambiance particulière mais aussi par ces fameuses cinématiques intégrées à l’action. Avec cette mise en scène en direct, le jeu se rapproche côté émotions du cinéma. Il n’y a qu’à voir ce gros plan effrayant de l’énorme félin noir au début du jeu, un gros plan qui marque durablement le joueur !

Quant aux graphismes, on est vraiment dans un autre monde ! L’utilisation des polygones 2D offre un rendu exceptionnel autant du côté esthétique (les décors d’une froide étrangeté sont magnifiques) que de l’animation (la fluidité des mouvements égale celle d’un Prince of Persia). Côté jeu, ce mélange d’action et d’énigmes est très difficile et ne se livre vraiment qu’avec le temps, les occasions de mourir étant légions et imprévisibles.

Du coup, les gamers en manque d’action pure lui préféreront certainement Flashback. Ce jeu réutilise avec efficacité les mêmes procédés techniques (cinématiques, polygones 2D…) mais n’a pas la dimension artistique qui rend cet Another World si émouvant.

Dig Dug (1982 – Arcade, Atari 2600, Atari 7800, Nes)

Première partie émue sur une vieille Atari 2600, redécouverte en « haute définition » sur NES, Dig Dug qui date de 1982 est un émoi de l’enfance. Les jeux que l’on découvre les yeux écarquillés de bonheur, un temps ancien où quelques carrés et des boings suffisaient amplement. Vous êtes un exterminateur parti sous terre dénicher des monstres ronds et rigolos avec une pompe à vélo.

Creuser des tunnels, tirer sur les ennemis et les faire gonfler comme des baudruches jusqu’à explosion (le fameux pistolet pompe à vélo), rien de plus simple et de plus amusant. D’autant que l’ambiance sonore est titillante, ponctuant vos succès d’un petit final entraînant et qui ne donne qu’une envie : continuer encore et encore. Evidemment, les monstres ne resteront pas immobiles. Ils vous pourchasseront et attention, certains creuseront pour vous piéger, d’autres comme les dragons verts vous cracheront dessus des flammes dangereuses. Il faudra alors faire preuve de beaucoup de réflexes et de rapidité pour aller loin dans le jeu.

Dig Dug est un véritable classique kawaï, une perle signée Namco, déjà inventeur du grandiose et incontournable Pac-Man.

Rick Dangerous (1989 – Atari ST, Amiga, Amstrad CPC)

Parodie d’Indiana Jones, Rick Dangerous trimballe ses pixels et son gros nez dans des niveaux de l’Enfer entre temple Inca, pyramide d’Egypte ou château emplis de Nazis. Soyez-en averti : chaque pas trottiné est susceptible d’être votre dernier. Le jeu est d’une difficulté hautement sadique et les morts (accompagnées d’un petit cri rigolo) s’enchaînent sans fin. A la longue, c’est un véritable plaisir de faire mourir notre Rick Dangerous, de le voir tomber dans des pièges que les programmeurs, amateurs de fausses pistes et de traquenards, ont pris un malin plaisir à mettre là où on ne s’y attend pas.

En bon die and retry, Rick Dangerous demande au joueur de mémoriser le parcours au pixel près ; un challenge excellent d’autant que le jeu fait preuve d’un level design très inventif. Le stock de vies est conséquent pour ne pas être trop frustré, et dynamites ainsi que flingot sont là pour piller sauvagement et sans aucune pitié les tombes et autre cavernes. Doté d’un pixel art tout rond, c’est le die and retry le plus drôle qui soit.

Un chef d’œuvre vidéo-ludique tout à la fois mortel et tordant.

Primal Rage (1995 – Arcade, Playstation, Saturn, 3DO, Jaguar CD, Megadrive, 32X, Super Nintendo)

Quel monstre préhistorique l’emportera ? Le King Kong de Bornéo ou le T-Rex de Mexico ? Au sol, Raquel Welch tient les paris… Jeu de baston avec des gros dinos, Primal Rage est dans la lignée des Mortal Kombat avec plein de fatalités bien gores. Le résultat est sympathique avec une réalisation honnête. Quelque soit le support, l’animation image par image est particulièrement bien rendue.

En ce qui concerne les graphismes, on préférera évidemment la borne d’arcade (les dinos y sont énormes !) et les versions 32 et 64 bits, sachant que nos bébêtes en pâte à modeler pixelisent énormément sur consoles 16-bit. Côté jeu, vous vous battrez contre la manette tellement les coups spéciaux sont durs à sortir. Ils nécessitent parfois plus de doigts qu’on en a !…

Certes, Primal Rage ne casse pas trois pattes à un T-rex mais le temps d’une partie ou deux, il s’avère distrayant.

The Witcher (2007 – PC)

Ô joie, grande joie de découvrir (tardivement) le premier épisode du Sorceleur. Alors certes, le jeu, datant de 2007, a un peu vieilli, ce que je constate à la vue des visages des PNJ, certains n’étant pas gâtés par la nature. Ensuite, sans être un RPG couloir, les zones visitées se parcourent rapidement et la liberté est assez restreinte. Mais l’histoire, à l’apparence classique (une traque prétexte à l’aventure), est habilement tressée à base de quêtes et de dilemmes. Difficile de décrocher passé la première heure de jeu. 

Je trouve en particulier l’ambiance saisissante : des décors sombres et très fins jusqu’aux bruitages qui donnent vie aux environnements. Le système de combat, pensé PC, est parfaitement adapté au clavier et à la souris. En fonction des ennemis, il faudra jongler au mieux entre les signes magiques et les différents styles de combat. Et le bourrinage en maltraitant notre souris est proscrit : comme dans un QTE, on devra cliquer au bon moment pour enchaîner les combos. Une bonne idée bien exploitée…

Pardieu, ciel bas et envol de corbeaux, The Witcher est un RPG racé. Il pose toutes les bases de la série et ouvre la voie royale au Sorceleur.

Espial (1983 – Arcade, Atari 2600)

J’ai découvert Espial complètement par hasard, sur Atari 2600, puis j’ai poussé la curiosité de tester la version originale parue sur borne d’arcade en 1983. Le jeu m’a immédiatement fait penser à Xevious, et quelque part, il lui emprunte plein d’idées comme ce défilement vertical, les nombreux ennemis et ces tourelles de défense au sol qu’il faudra détruire avec un tir spécifique. Mais, à la place d’un simple clone, j’ai eu affaire à un shoot précis, à la difficulté abordable et entraînante (tout le contraire de Xevious que j’ai toujours trouvé frustrant).

J’ai été surpris par cette qualité visuelle, avec une vue de dessus d’une clarté imparable et un environnement SF luxuriant. Pour un jeu de la première moitié des années 80, c’est superbe. Sur Atari 2600, la conversion par Tigervision est une grande réussite avec un véritable décor (ce qui était très rare sur la console d’Atari), un maniement du vaisseau agréable et des sprites tout aussi nombreux que sur la version d’origine.

Une vraie surprise que voilà et surtout, un très bon shoot !

Black Tiger (1987 – Arcade, Amiga, Atari ST, Amstrad CPC, Commodore 64)

Encore une pièce ? Black Tiger est de ces jeux d’arcade qui donne envie de casser sa tirelire. Deux ans après Ghosts ‘n Goblins, Capcom introduit dans sa recette de Run ‘n Jump des éléments de RPG avec clés, coffres et trésors. On libère des petits vieux : certains libèrent des items quand d’autres ont carrément une boutique derrière eux. On customise son équipement, on devient plus résistant, plus fort, plus armé que jamais. Côté plates-formes, on grimpe partout sans s’abstenir de lancer sa chaîne et de tirer des poignards. C’est le panard complet !

Avec un aplomb qui décontenance (oui, j’ai plus de trente ans et alors ?), Black Tiger cumule avec joie tout ce qu’on peut aimer dans un jeu d’arcade : une action démente, difficile mais jamais frustrante, de gros items qui tombent comme au jackpot et des détails graphiques croustillants, dorés à point dans les hauts fourneaux de chez Capcom.

Ça mérite bien les crédits infinis !

Tempest 4000 (2018 – Ps4, Xbox One, PC)

En bon tube shooter « old school » relevé à la sauce 4K, cette refonte améliorée de TxK (paru sur PSvita) ne semble s’adresser qu’aux fans hardcore d’Atari, tant elle fait peu de concession aux joueurs néophytes, et c’est bien dommage. C’est onéreux (29.9€ !!), aride (3 modes de jeu) et hard (à l’ancienne)… Mais que c’est BON ! Pour peu qu’on comprenne l’importance des bonus (comme le saut vers l’arrière) et qu’on s’accroche (accrochez-vous, les niveaux ont l’avantage d’être courts), le jeu provoquera en sus des shots successifs d’adrénaline et d’endorphine, une terrible addiction.

Du cylindre emberlificoté au half-pipe démentiel, les ennemis inonderont le terrain et exploseront au contact de notre tir en poussières de pixels, dans un véritable feu d’artifice de sons et de couleurs ! C’est du « reviens-y » qui marque l’ouïe, la rétine et le cortex. Nouveauté de taille par rapport à Tempest 2000 (en plus d’un bonus d’invincibilité et de nouveaux ennemis), la surface de jeu peut changer de forme ou de sens durant la joute, nous faisant perdre tous nos repères.

Hors-du-temps, cinétique et scintillant de ces lumières irrésistibles, Tempest 4000 est un jeu incroyable !