Thief (2014 – Ps3, Xbox 360, Ps4, Xbox One, PC)

A la fois reboot et quatrième volet de la saga du voleur, Thief remet au goût du jour l’infiltration et la rocambole nocturne. A nous la Cité, ville steampunk pur jus de rouille, véritable dédale de ruelles sombres et crasseuses. A nous toutes les aptitudes et autres gadgets du cambrioleur avec entre autres le cache-cache dans l’ombre, les flèches-grappins et le crochetage bien classe. Malgré une ambiance géniale et des qualités évidentes, la critique professionnelle s’en est donné à cœur joie pour étriper ce Thief, lui reprochant en chœur son dirigisme, l’architecture morcelée de la ville ou l’I.A défaillante (??).

Si on peut pinailler sur l’histoire prétexte, le jeu offre énormément de possibilités. La ville, divinement tarabiscotée, nous oblige enfin à observer pour repérer tous ses recoins. Et j’ai rarement vu une I.A aussi réactive. On reproche aux gardes d’être parfois aveugles, mais on critique là le concept même de la série : si le voleur noir reste immobile dans les ténèbres, l’obscurité le rend invisible.

Vu que les combats sont souvent mortels, le jeu nous oblige à la plus impérieuse des discrétions. Parfait, c’est la définition même du genre : l’infiltration.

Myst (1993 – Mac, PC, 3DO, Saturn, Playstation, Jaguar CD)

En 1993, Myst a été une révolution à contre courant. Ce jeu s’adressait à un public différent de ceux des salles d’arcade. Pas d’action ni d’ennemi, un contexte nébuleux, des images belles et fixes, de rares plages musicales new age et vous seul sur cette île. Pas de but clair, pas d’aide, ni de chemin tout tracé, aucune issue apparente, juste une île étrange et calme.

Qu’on se le répète, Myst n’est pas un jeu avec des énigmes, c’est une énigme à lui tout seul. Il y a par exemple beaucoup de mécanismes à actionner (levier, interrupteur…) mais aucune explication concrète n’est donné au joueur quand à leur utilité. Le joueur doit ainsi se démener tout seul, découvrir la logique qui est propre au monde de Myst, avec une attention et une écoute de chaque instant (certaines énigmes sont sonores voire musicales). Bien sûr, les plus sceptiques s’arrêteront au bout de cinq minutes et Myst restera pour eux un mystère. Et c’est bien dommage car la balade est passionnante, envoûtante.

Les images belles et immobiles donnent un petit cachet à Myst qu’on ne retrouvera jamais dans ses suites ni dans ses ersatz : une certaine et intrigante irréalité.

Heroes of Annihilated Empires (2006 – PC)

Les morts-vivants, les Elfes, les mécaniciens et les Cryos s’affrontent sans merci dans un mélange habile de STR et de RPG. Heroes of Annihilated Empire ne néglige en effet aucun des secteurs du jeu. Comme dans Diablo, notre héros peut battre la campagne tout seul, gagner de l’xp jusqu’à plus soif et trouver des objets et des armes de plus en plus puissantes. Et quand on le souhaite, on peut établir un camp (le héros rentre alors en sommeil). Là, nous passons en mode gestion avec développement classique des ressources pour bâtir et générer des unités militaires…

Franchement, HoAE (quel titre !) est sympa et l’ambiance fantasy qui s’en dégage me plaît bien. Notre armée peut dépasser le millier d’unités et les combats sont prenants, mouvementés et épiques. Mais je regrette cependant deux choses : le rush violent et incessant et l’I.A. En mode STR, le CPU ne nous laisse aucun répit et nous attaque en continu ce dès le début. C’est vite frustrant… En mode RPG, c’est tout le contraire, l’I.A facilite les choses. En effet, les monstres ne nous poursuivent pas au delà d’une vingtaine de mètres ! Un défaut qui nous permet de récupérer de l’énergie en toute tranquillité.

Dommage !

Braid (2008 – Xbox 360, Ps3, PC)

Tim, un Mario en costume cravate doit sauver sa Princesse. Pas sûr que cette fois-ci, la Princesse le suive… L’univers a beau être féerique (Mama mia, ces belles couleurs partout !), avec des constats désenchantés sur la vie à deux, l‘histoire m‘a parue bien triste… et même assez ambiguë sur la fin. Autre faux semblant, Braid n’est effectivement pas un jeu de plates-formes « classique ».

S‘il emprunte des éléments à Mario, c‘est pour mieux les détourner l‘instant d‘après. La possibilité de « rembobiner » la partie, de jouer avec le temps dans tous les sens (de le stopper comme de le ralentir) offre d’énormes possibilités. Or qui dit plein de possibilités dit aussi énigmes bien tordues (du genre tordu de chez tordu). En pièce d’orfèvre magique (le jeu est beau) et délicate (le jeu est court), Braid s’apprécie à sa juste valeur sans soluce.

S’apercevoir après tant d’efforts que l’impensable était possible est vraiment un plaisir immense !

Another World (1991 – Amiga, Atari ST, Megadrive, Mega CD, Super Nintendo, 3DO, Jaguar, PC…)

Chef d’œuvre d’un seul homme, Eric Chahi, Another World est un jeu immersif. Par son ambiance particulière mais aussi par ces fameuses cinématiques intégrées à l’action. Avec cette mise en scène en direct, le jeu se rapproche côté émotions du cinéma. Il n’y a qu’à voir ce gros plan effrayant de l’énorme félin noir au début du jeu, un gros plan qui marque durablement le joueur !

Quant aux graphismes, on est vraiment dans un autre monde ! L’utilisation des polygones 2D offre un rendu exceptionnel autant du côté esthétique (les décors d’une froide étrangeté sont magnifiques) que de l’animation (la fluidité des mouvements égale celle d’un Prince of Persia). Côté jeu, ce mélange d’action et d’énigmes est très difficile et ne se livre vraiment qu’avec le temps, les occasions de mourir étant légions et imprévisibles.

Du coup, les gamers en manque d’action pure lui préféreront certainement Flashback. Ce jeu réutilise avec efficacité les mêmes procédés techniques (cinématiques, polygones 2D…) mais n’a pas la dimension artistique qui rend cet Another World si émouvant.

Panzer Dragoon (1995 – Saturn, PC)

Malgré un concept vieux comme le monde (je blaste, je blaste, j’esquive et je reblaste), Panzer Dragoon est une expérience unique, un jeu cultissime à plusieurs niveaux, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, la réalisation prouvait à l’époque de sa sortie que la Saturn était capable de grandes choses. Une 3D mappée riche en détails, des décors somptueux et des boss monstrueusement énormes. Le jeu propose aussi un gameplay très intéressant avec une gestion permanente des vues (les ennemis arrivent de tous les côtés). Et l’animation est remarquable (on plane, on accélère, on change de direction).

D’autre part, Panzer dépasse son concept (le shoot bourrin) pour nous amener vers des sphères très peu explorées alors. Dès l’intro en image de synthèse, l’immersion du joueur est totale. On rentre dans Panzer Dragoon comme dans un film. Tout marche dans ce sens : la musique symphonique rarement entendue sur console en 1995, le design inspiré par Moëbius, un maître de la BD, la mise en scène des niveaux…

Nul doute, Panzer Dragoon est un chef d’oeuvre du genre !

Journey (2012 – Ps3, Ps4, PC)

Journey nous enlève à notre réalité pour un incroyable voyage, débutant dans l’immensité d’un désert d’une Perse mythique. Marcher, s’étonner de la majesté de nos envolées, croiser des cerf-volants, illuminer des fresques murales… Le voyage tient de la rêverie éveillée, d’autant que le monde est chatoyant avec ces lumières ambrées.

Notre solitude est bientôt bouleversée par l’arrivée de l’altérité, aux habits analogues. La rencontre interroge, surtout si comme moi, on n’en est pas averti (je n’ai rien lu au sujet du jeu avant d’y jouer). L’autre, c’est un joueur en ligne comme nous, dont on ne sait rien et avec qui on pourra communiquer avec notre chant. L’entraide et les interactions même limitées avec ce camarade donne au périple un surplus d’émotions, assez difficile à décrire. Oui, Journey est très court. Et pourtant, après avoir parcouru déserts, ruines et montagnes, il m’est très difficile de ne pas relancer ce périple, avec l’espoir de ressentir à nouveau ce flots de sensations. Des sensations qui parcourent l’échine et font frissonner.

Je me rends compte, en me les remémorant, de l’immense et infinie beauté du jeu.

Fable: the Lost Chapters (2005 – Xbox, PC)

Fable: the Lost Chapters est un jeu que j’ai fini plusieurs fois : une fois avec un Paladin des plus bons avec une auréole sur la tête, une fois avec un archer maléfique adepte de la débauche et du meurtre gratuit, et une autre fois avec un magicien neutre bien barbu et bien alcoolique aussi. A chaque fois le même plaisir, jubilatoire plaisir de façonner à sa guise la personnalité du héros, de le voir peu à peu vieillir, être marqué par les cicatrices des batailles, de l’habiller, de le tatouer ou d’acheter des maisons pour ensuite les décorer (« Esprit de Sims, es-tu là ? »).

On peut être acclamé par les enfants ou effrayer les paysans, fonder un heureux ménage ou visiter à l’occasion le Bordel de Darkwood. Mais attention, devenir un héros n’est pas de tout repos. Fable – The Lost Chapters n’oublie pas d’aligner les petites quêtes et les énormes boss. L’aventure se rallonge même par rapport à l’original, avec à la clé un gigantesque Dragon à affronter.

Fable: the Lost Chapters est bourré de charme et s’avère être le meilleur épisode de la série. Il y a un équilibre parfait entre l’aventure et la gestion.

Assassin’s Creed Origins (2017 – Ps4, Xbox One, PC)

Après deux années de repos bien méritées, la série des AC prend un nouvel envol avec Origins. Ici, il est question des origines de la Confrérie. On découvre l’Égypte Antique, immense, et Bayek, protecteur des Pharaons, qui souhaite se venger en tuant un à un les membres d’un ordre secret. La formule connue, mélange d’infiltration et d’action, est ici magnifiée. En lorgnant sur Witcher III, AC s’est transformé en un véritable RPG avec des quêtes variées qui s’enchaînent à la perfection, un inventaire complet et un levelling débridé.

La carte est juste extraordinaire : à la fois gigantesque et vivante, offrant de splendides panoramas. Il y a tant à faire. On pourra s’infiltrer dans une garnison avec Senu, l’aigle qui nous assiste pour débusquer les ennemis ou chasser les crocros et les hippopos sur les bords du Nil. On pourra cavaler sur les dunes pour dénicher un repaire de brigands, descendre dans un sombre tombeau pour y découvrir de merveilleux trésors ou bien escalader une Pyramide pour le vertige que cela procure.

Soutenu par une histoire bourrée de surprises et de rencontres, il y a tant à découvrir, tellement d’heures de jeu devant soi qu’on ne peut que s’incliner.

The Witcher (2007 – PC)

Ô joie, grande joie de découvrir (tardivement) le premier épisode du Sorceleur. Alors certes, le jeu, datant de 2007, a un peu vieilli, ce que je constate à la vue des visages des PNJ, certains n’étant pas gâtés par la nature. Ensuite, sans être un RPG couloir, les zones visitées se parcourent rapidement et la liberté est assez restreinte. Mais l’histoire, à l’apparence classique (une traque prétexte à l’aventure), est habilement tressée à base de quêtes et de dilemmes. Difficile de décrocher passé la première heure de jeu. 

Je trouve en particulier l’ambiance saisissante : des décors sombres et très fins jusqu’aux bruitages qui donnent vie aux environnements. Le système de combat, pensé PC, est parfaitement adapté au clavier et à la souris. En fonction des ennemis, il faudra jongler au mieux entre les signes magiques et les différents styles de combat. Et le bourrinage en maltraitant notre souris est proscrit : comme dans un QTE, on devra cliquer au bon moment pour enchaîner les combos. Une bonne idée bien exploitée…

Pardieu, ciel bas et envol de corbeaux, The Witcher est un RPG racé. Il pose toutes les bases de la série et ouvre la voie royale au Sorceleur.