Myst (1993 – Mac, PC, 3DO, Saturn, Playstation, Jaguar CD)

En 1993, Myst a été une révolution à contre courant. Ce jeu s’adressait à un public différent de ceux des salles d’arcade. Pas d’action ni d’ennemi, un contexte nébuleux, des images belles et fixes, de rares plages musicales new age et vous seul sur cette île. Pas de but clair, pas d’aide, ni de chemin tout tracé, aucune issue apparente, juste une île étrange et calme.

Qu’on se le répète, Myst n’est pas un jeu avec des énigmes, c’est une énigme à lui tout seul. Il y a par exemple beaucoup de mécanismes à actionner (levier, interrupteur…) mais aucune explication concrète n’est donné au joueur quand à leur utilité. Le joueur doit ainsi se démener tout seul, découvrir la logique qui est propre au monde de Myst, avec une attention et une écoute de chaque instant (certaines énigmes sont sonores voire musicales). Bien sûr, les plus sceptiques s’arrêteront au bout de cinq minutes et Myst restera pour eux un mystère. Et c’est bien dommage car la balade est passionnante, envoûtante.

Les images belles et immobiles donnent un petit cachet à Myst qu’on ne retrouvera jamais dans ses suites ni dans ses ersatz : une certaine et intrigante irréalité.

The Witness (2016 – Ps4, Xbox One, PC)

Braid se référait à Mario, The Witness du même Jonathan Blow fait penser à Myst, avec une île bien calme : une végétation luxuriante, des bâtiments abandonnés, d’étranges statues et aucun humain dans les parages… A la différence de Myst qui nous faisait interagir avec des mécanismes, on progressera par l’entremise d’écrans présentant des labyrinthes en apparence tout bêtes.

Quelque part, il faut oser sortir un jeu pareil : il s’agit d’une véritable compilation de 600 puzzles, rendue (très) difficile par l’absence d’explication. Bien entendu, la logique qu’on construit soi-même pour les résoudre sera régulièrement mise à mal. Mais si on est bloqué, libre à nous d’explorer de nouvelles zones et de découvrir des énigmes plus accessibles.

A la fois gratifiant et jusqu’au-boutiste dans son concept (autiste ?), The Witness a un grand pouvoir d’attraction, comme un beau casse-tête en bois paraissant insoluble. J’apprécie non seulement le grand retour des énigmes qui donnent le tournis (sensation vécue pour ma part à plusieurs reprises sur la trentaine d’heures de jeu), mais aussi de retrouver mes vieux amis « crayon à papier » et « feuilles à carreaux qu’on gribouille de schémas ».